L’oeuvre de Paul Gondry se déroule dans les ruines d’une civilisation mourante qui paie pour sa gourmandise. S’inspirant des mythes et des fables européens transmis par des manuscrits enluminés, des gravures hollandaises et des jeux vidéo, ils décrivent le monde intérieur de personnages qui ne savent guère plus que la souffrance – à l’exception de la maigre offre d’évasion et de magie noire.
Pourtant, ses mondes fantastiques sont relatables et dépeignent souvent des moments personnels dans la vie de Gondry. Cette série a été peinte dans la région minière la plus abandonnée de Malbosc, en France, où la famille de Gondry a vécu pendant des générations jusqu’à ce que le mouvement industriel oriental prenne son cours, comme il l’a fait dans de nombreuses villes rurales, le laissant avec peu. Mais alors que la vie humaine a abandonné ce paysage de montagne autrefois baron, aujourd’hui une forêt dense a émergé à sa place grâce à un botaniste excentrique qui, au tournant du siècle, s’est efforcé d’amener des arbres étrangers dans une région qui ne les avait jamais vus. Dans cette obscure lueur d’espoir, Gondry réconcilie un passé inconfortable avec un avenir incertain, peignant des motifs d’enfants, des rassemblements étranges d’anciens et des personnages enveloppés d’intentions douteuses. Les peintures font référence aux post-impressionnistes français, un groupe attiré par le spiritisme et la peinture de la nature en réaction à l’industrialisation, autant qu’ils rappellent l’orientalisme, un genre controversé qui se tourne vers des terres semi-fictives, soit pour une évasion pornographique, soit pour des fantasmes utopiques. Cette série demande finalement quel genre d’avenir nous avons la capacité d’imaginer et quels échecs catastrophiques nous laisserons pour les générations à venir. Et que faire des échecs dont nous avons hérité ? L’évasion est-elle le symptôme ou la contagion; la cure ou l’anesthésie ?